COMMENT SE VALORISE UN CABINET D’EXPERTISE COMPTABLE, UNE CLIENTÈLE ?
La valorisation d’un cabinet d’expertise comptable n’échappe pas aux fondamentaux de la valorisation des titres ou du fonds de clientèle d’une entreprise. Critères qualitatifs et quantitatifs se mêlent.
CRITÈRES QUALITATIFS
Sans caractère limitatif, l’expérience démontre que les acquéreurs valorisent d’autant plus un cabinet que :
I) pouvoir décisionnel, technique et responsabilité commerciale ne sont pas concentrés sur le(s) seul(s) associé(s)-dirigeants(s),
II) le cabinet dispose d’une offre complémentaire structurée (conseil, RH, gestion de patrimoine…)
III) une information analytique fiable et suivie est disponible relativement à la clientèle,
IV) le cabinet est à jour de ses obligations (lettre de mission, compliance, formation…),
V) le recouvrement de créances est sous contrôle (usage de mandats SEPA, poste « clients » réduit…).
CRITÈRES QUANTITATIFS
Si l’utilisation d’un coefficient appliqué au chiffre d’affaires fait encore consensus dans la profession, l’usage de la méthode du multiple d’EBITDA normalisé se développe, notamment car elle est lisible pour les non-initiés, comme les établissements prêteurs. Nous constatons que les coefficients de valorisation du chiffre d’affaires d’expertise comptable, historiquement et généralement compris entre 80 % et 100 %, ont eu tendance à être tirés vers le haut au cours des cinq dernières années, pour avoisiner et parfois dépasser les 100 %. La situation des coefficients appliqués aux mandats de commissariat aux comptes est plus contrastée du fait des évolutions réglementaires…
Par le relèvement des seuils déclenchant l’obligation de nommer un commissaire aux comptes, la loi PACTE allège singulièrement l’activité de certification des comptes, mais l’affecte tout aussi significativement s’agissant des petits mandats qui n’auront plus lieu d’être. En ce qui concerne les mandats maintenus, la fourchette des valorisations restera comprise entre 100 % et 120 %, payée au prorata temporis de la durée restant à courir sur le mandat, le complément étant alors acquitté lors du renouvellement avec succès du mandat.
En contrepartie de ce renchérissement des coefficients, l’attention des acquéreurs s’aiguise : au sein d’un même cabinet, la clientèle peut être appréhendée en plusieurs groupes distincts, selon la nature des prestations rendues notamment, chacun de ces groupes faisant l’objet d’une valorisation elle-même distincte et d’autant plus élevée que la prestation rendue est pérenne. Attention également à la concentration de la clientèle : lorsqu’un seul et même client, ou lorsqu’un groupe réduit de clients, contribuent trop fortement au chiffre d’affaires – et encore plus, à la marge ! – du cabinet, les acquéreurs n’hésitent pas à proposer un prix moindre pour contrebalancer le risque induit par le départ de ces clients sensibles.